1983-2017 Quarante ans de recul sur la fracture espagnole

L’Espagne face au séparatisme catalan

  Article publié en Italien dans la revue Limes n°10 – 2017

Le 1er octobre 2017 a été convoqué en Catalogne un référendum d’autodétermination pour la fondation d’un nouvel Etat indépendant sous forme de république Catalane souveraine, n’ayant plus aucun rapport de subordination avec les pouvoirs espagnols. Ce référendum avait été déclaré illégal par le gouvernement de Madrid. Il était également refusé par trois partis représentant 44% des électeurs au parlement autonome catalan[1]. Les électeurs des trois partis hostiles ne sont donc pas allés voter, et la tenue du scrutin a été entravée par le gouvernement et les forces de l’ordre espagnoles. Il y aurait eu une centaine de blessés légers et 3 blessés graves.

Les medias internationaux traduisent, d’une part, l’incompréhension des observateurs au sujet de l’illégalité du référendum et, d’autre part, une préoccupation vis-à-vis de l’usage de la force par le gouvernement espagnol pour faire respecter la Constitution de l’État.  La comparaison avec d’autres exemples est récurrente :  les Écossais, les Québecois ont voté sur une question semblable et  les Britanniques sur la séparation d’avec l’UE.

Le premier élément de réponse à cette question est qu’il n’y a pas eu de réclamation de référendum d’indépendance en Espagne jusqu’à aujourd’hui. Le deuxième élément de réponse réside dans le décalage entre l’esprit de la Constitution de 1978, référence du gouvernement pour s’y opposer, et la réalité de la décentralisation de l’État, qui s’est faite après l’adoption de la Constitution. Les communautés autonomes ont en effet été créées entre 1979 et 1983. En 1978, il n’y a pas de classe politique régionale et pratiquement aucune expérience de la décentralisation, Aujourd’hui, il y a 17 parlements, administrations et gouvernements autonomes[2]et le consensus est complet entre tous les partis sur le fonctionnement décentralisé du pays.

La Constitution créé une différence entre les régions et les nationalités d’Espagne

La Constitution espagnole ne crée pas d’organisation territoriale. Elle définit 32 compétences exclusives de l’État et ouvre la possibilité pour les provinces de s’associer en région, selon la formule : « L’État s’organise territorialement en communes, en provinces, et en les Communautés autonomes qui se constitueront. » L’article 143 confie l’initiative du processus aux autorités provinciales ainsi qu’aux deux tiers des communes dont la population représente au moins la majorité des électeurs inscrits de chaque province (ou île). L’article 151 prévoit l’accession immédiate à une plus large autonomie si la demande émane des trois quarts des communes de chacune des provinces rassemblant au moins la moitié des inscrits de chacune d’entre elle, et si la majorité absolue des électeurs de chaque province l’approuve par référendum. Exception : les régions ayant déjà voté un statut d’autonomie avant la guerre civile de 1936, Galice, Pays basque, Catalogne, accèdent de manière automatique à la plus large autonomie.  Les autres se sont inventées à partir de rien,[3]après 1978. Les constituants se sont mis d’accord pour désigner sous le terme de « nationalités » ces trois territoires (qui ne sont pas explicitement nommés) et leurs habitants, et « régions » les autres. L’article deux stipule que l’Espagne est une nation indivisible. 

La Constitution n’a donc pas organisé une fédération. C’est l’action politique des élus et électeurs de certains territoires qui a eu un effet d’entraînement et aboutit à la généralisation d’une décentralisation allant bien au-delà de ce qui était prévu. Le mouvement a commencé en Andalousie, où la classe politique régionale a perçu comme un privilège insupportable l’accès automatique à l’autonomie de la Catalogne et du Pays Basque. L’Andalousie obtint l’autonomie par la voie de l’article 151 en 1981, puis l’ensemble des provinces se sont assemblées en Communautés autonomes par le biais de l’article 143. Cette évolution, surprenante pour les contemporains, et désordonnée, amena les deux plus grands partis, l’Union du Centre Démocratique et le Parti Socialiste, à encadrer dès 1982 l’évolution institutionnelle de l’Espagne et le processus de transfert des compétences de l’État à travers une loi d’harmonisation du processus d’autonomie (LOAPA).

L’harmonisation des pouvoirs décentralisés est combattue par les nationalistes périphériques

Depuis les années 1980, deux communautés autonomes sont gouvernées par des nationalistes indépendantistes :  le Pays basque et la Catalogne. Dans d’autres régions, Baléares, Valence, Galice, Aragon, Navarre, des partis nationalistes minoritaires ont le pouvoir de complexifier voire d’envenimer les débats sur l’organisation territoriale et le rapport à l’État.

La loi d’harmonisation fut combattue au Parlement par les nationalistes régionaux parce qu’elle stipule notamment que « les normes que dicte l’État dans l’exercice de ses compétences […] prévalent sur les normes des Communautés autonomes ». L’objectif des nationalistes n’est pas que l’Espagne soit plus décentralisée, c’est d’être souverain, indépendants. Il est donc pour eux très important de ne pas laisser leur singularité se diluer dans un système commun où toutes les régions seraient sur un pied d’égalité face au pouvoir central. Leur raison d’être est de créer, à plus ou moins long terme, des États distincts derrière des frontières empêchant la légalité espagnole de s’appliquer sur « leurs » territoires. 

En 1982, le Tribunal constitutionnel fut saisi par les gouvernements nationalistes basque et catalan contre la LOAPA. Ils obtinrent gain de cause sur le fait que la loi aurait dû résulter d’un accord entre le pouvoir central et les pouvoirs autonomes, et non d’une alliance entre les deux plus grands partis. En 2010, le Tribunal constitutionnel refusa à nouveau que des changements fondamentaux soient décidés unilatéralement à partir d’une transformation des statuts d’autonomie. Il donna raison au gouvernement central en annulant quelques uns des articles emblématiques du nouveau statut d’autonomie catalan.

Une décentralisation massive de compétences sans réflexion politique sur ses conséquences géopolitiques 

La LOAPA servit de cadre à des transferts réguliers de compétences et des moyens financiers vers les communautés autonomes, en 1983, puis en 1987, 1992, 1997, 2002, 2009. Cette décentralisation s’est faite en partie dans des négociations bilatérales avec les formations au pouvoir dans les régions, notamment en Catalogne. C’est le type de relations qui convient aux nationalistes catalans et basque, pour consolider leur singularité et éviter de diluer leur perspective d’un futur État nation indépendant. 

Cette façon de gouverner des grands partis espagnols vient aussi du fait que les régions ont une faible capacité d’influencer collectivement les décisions du pouvoir central. Le Sénat ne joue pas le rôle d’assemblée représentative des Communautés autonomes, puisque celles-ci n’existaient pas lorsque la Constitution a été écrite. Le gouvernement réunit en principe au moins deux fois par an les responsables budgétaires des Communautés autonomes dans un Conseil de politique fiscale et financière, à des fins de coordination et de négociations budgétaires, mais il n’y a pas de conférence régulière de leurs présidents.

En 1992, le premier ministre socialiste[4]et le président du Parti Populaire[5]signèrent un pacte (Pacto autonómico) fixant un cadre de 32 nouvelles compétences à transférer, dont celle de l’éducation, pour harmoniser les différences entre les Communautés autonomes de la voie « lente » (article 143 de la Constitution) et celles de la voie rapide (article 151). 

En 1996, le parti catalan de centre droit CiU (Convergència i Unió)  apporta ses voix au Parti populaire en échange de l’augmentation de la part de l’impôt sur le revenu géré par la Communauté autonome. Alors qu’il disposait de la majorité absolue, de 2000 à 2004, José María Aznar décentralisa aussi le système sanitaire à l’ensemble des Communautés autonomes. 

Il ne faut donc pas s’imaginer que la droite serait centralisatrice et la gauche décentralisatrice. La représentation d’une Espagne unitaire ou au contraire plurinationale a, jusqu’aujourd’hui, différencié le Parti Populaire du Parti Socialiste, mais les deux formations ont convergé sur les politiques d’élargissement des prérogatives des Communautés autonomes. L’observation des politiques développées ces trente dernières années fait néanmoins apparaître une surprenante absence de réflexion sur les conséquences géopolitiques de l’effacement du pouvoir central dans certains territoires. 

L’impact du terrorisme de l’ETA

En Espagne, depuis les années 1980 l’enjeu fondamental de la politique n’est pas la nation espagnole mais la défense de la démocratie face au terrorisme nationaliste basquede l’ETA[6]. En 1977, une amnistie libère tous les prisonniers de l’ETA, mais une fraction décide de poursuivre malgré l’autonomie et la possibilité de présenter des candidats indépendantistes aux élections. Cela empêche toute approche constructive de la place des peuples catalan ou basque au sein de l’Espagne, car lesattentats font des dizaines de morts chaque année (66 en 1978, 76 en 1979, 92 en 1980, puis entre 19 et 52  par an durant toute la décennie). Au total plus de 800 personnes ont été assassinées (il y aurait 300 meurtres non élucidés). Cela expliquent que lorsqu’ils luttent contre l’ETA, et lorsque leurs élus meurent sous les balles des terroristes, les partis politiques espagnols confondent l’avenir de l’Espagne avec celui de la démocratie. 

Entre 1983 et 1987, le PSOE de Felipe González a malheureusement utilisé les mêmes armes que son adversaire en payant des mercenaires pour liquider sur le territoire français les militants de l’ETA (62 morts[7]) ; cela a fragilisé la légitimité de l’Etat y compris aux yeux des non nationalistes basques. La condamnation d’un ministre et d’un secrétaire d’Etat pour leur responsabilité n’a pas suffit à effacer la faute, car la direction du PSOE ne l’a jamais reconnue et les peines furent légères. 

À partir des années 1990 des mouvements citoyens se sont organisés au Pays basque contre l’ETA et contre le nationalisme basque[8]. Ils furent soutenus par le gouvernement du Parti populaire au pouvoir[9](non impliqué dans l’affaire du GAL), et cela a continué à focaliser les débats concernant l’Espagne. Les polémiques au sujet des moyens à employer pour provoquer la fin du terrorisme, répression et/ou négociations, furent récurrentes. L’ETA a annoncé la « cessation définitive » des assassinats le 20 octobre 2011, il y a seulement six ans, mais ne s’est pas officiellement dissoute.

L’enjeu linguistique

La décentralisation espagnole a porté entre autre sur l’éducation nationale. Entre 1996 et décembre 1999 fut opéré le transfert des compétences en matière d’éducation à l’ensemble des Communautés autonomes. Celles ci sont responsables des programmes, le cadre commun étant que les matières dites « minimum » doivent représenter 55% du temps scolaire dans le cas des régions bilingues et 65% dans les autres. L’état a transféré aux pouvoirs régionaux la gestion des professeurs et des écoles, des diplômes et d’une partie des programmes. En Catalogne, la loi de normalisation linguistique de 1983 établit que les enfants ont le droit de recevoir l’enseignement primaire dans leur langue habituelle, espagnol ou catalan. En 1990, 56% des enfants étaient scolarisés en catalan et 34% dans les deux langues et 10 % d’abord en castillan. Dix ans plus tard, en 1993 une circulaire, accordait plus d’importance à la langue catalane en établissant que la « normalité » devait être l’enseignement en catalan. Le droit des élèves à un enseignement en castillan reconnu par la loi de 1983 disparaissait des textes catalans de réforme de l’enseignement.[10]

 Le système espagnol est donc très favorable à l’expression de la diversité des langues de l’État. Néanmoins de nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer le fait qu’on apprend guère l’histoire de l’Espagne en langue catalane et basque et que les enfants seraient soumis à un endoctrinement nationaliste anti espagnol. Les langues régionales sont aussi le support des projets nationalistes visant à constitution de nouveaux Etats non pluralistes dans lequel devrait dominer une seule langue pour un peuple, sur un territoire. Un des articles du statut d’autonomie de 2006 interdit par le Tribunal Constitutionnel faisait du catalan la langue préférentielle de l’administration. Une telle mesure ouvrait la porte à une exigence d’un haut niveau de connaissance linguistique pour tous les concours, ce qui a pour effet de décourager les candidatures d’espagnols d’autres régions et de créer une administration endogame. 

Le moment propice au référendum 

Le contexte terroriste et cette évolution vers une autonomie toujours plus étendue dans un système de relations bilatérale, peut expliquer que les nationalistes catalans et basques n’ont pas fait pas du référendum une revendication prioritaire bien que, droite et gauche confondues ils aient quasiment toujours eu la majorité absolue dans les Parlements autonomes. Il faut ajouter, dans le cas du Pays basque, que le référendum était délicat à réclamer. Il faudrait qu’il ait lieu sur tout le territoire de l’État désiré par les nationalistes c’est-à-dire non seulement dans les trois provinces de la communauté autonome basque, mais aussi dans la communauté autonome voisine de Navarre et au pays basque français. A l’échelle de cet espace, la moyenne des résultats nationalistes est trop faible pour que le « oui » à l’indépendance l’emporte, ce qui explique la prudence des partis nationalistes à ce sujet. Néanmoins, la stratégie du référendum séparatiste catalane est en train de faire évoluer les choses au Pays basque[11].Carte nation basque

La réclamation d’un référendum en Catalogne aujourd’hui révèle un moment, une opportunité, bien calculée ou non, l’avenir le dira. Ce moment s’inscrit trente ans après le début du fonctionnement des institutions autonomes. Il traduit aussi l’aboutissement des politiques des grands partis ayant dirigé l’Espagne. La séquence commence en 2004.

En 2004, le premier ministresocialiste[12]décida demettre à jour le système territorial. Il s’accorda avec les présidents régionaux pour engagerplusieurs réformes des statuts d’autonomieplutôt que de choisir l’organisation de débats et négociations au niveau du parlement national et du Sénat. En Catalogne, le nouveau  texte fut rédigé par une coalition comprenant le Parti Socialiste Catalan[13], unparti indépendantistede gauche[14],et le parti communiste/écologiste. Ilintroduisit des changements considérables sur la langue, la justice, les impôts.  Il fut voté par le Parlement catalan, puis par le Parlement espagnol (189 voix pour, 154 contre), et enfin, le 10 mai 2006, soumis à référendum en Catalogne. La faible participation (48,85 %, 73,90 % de « oui » et 20,76 % de « non ») révéla que le sujet n’était pas la préoccupation majeure des électeurs. En revanche, l’inquiétude des Catalans non nationalistes commence à se faire entendre à ce moment là, avec la création, en 2005, d’une plateforme des Citoyens de Catalogne (Ciutadans de Catalunya), « contre le nationalisme obligatoire »,  qui deviendra en 2006 le parti Ciutadans / Ciudadanos.

            Après le vote du Parlement de Madrid, le Parti populaire déposa un recours auprès du Tribunal constitutionnel (la séquence est absurde mais c’est ainsi que le prévoyaient les règlements). Pour des raisons complexes, liées entre autre à la défiance des parties concernant l’impartialité des douze juges, celui-ci a mis plus de trois ans pour invalider partiellement le texte.

La sentence du Tribunal constitutionnel de 2010 est un texte très précis, de 470 pages, qui fait le récit détaillé des difficultés pour aboutir et recueille les avis particuliers de certains juges au sujet des interprétations des articles du statut d’autonomie soumis à leur vote. Il déclare inconstitutionnels 14 articles  sur 223, et en discute 27. Il rejette notamment  un article portant création d’un nouveau Conseil de Justice de la Catalogne qui aurait été non soumis au Conseil général du pouvoir judiciaire espagnol et doté du pouvoir de proposer les nominations et suspension des magistrats, d’exercer des fonctions disciplinaires, de participer à la planification de l’inspection des juges et tribunaux ordinaires. Il rejette aussi certaines formulations sur la langue catalane, devenue la langue préférentielle de l’administration autonome (article 6-1), l’article garantissant la prééminence du statut d’autonomie sur les projets de loi du Parlement espagnol, l’article empêchant le gouvernement de superviser les activités de la Generalitat.

La sentence a provoqué une mobilisation intense des indépendantistes au-delà des cercles qui défendent d’ordinaire cette cause. Des manifestations de grande ampleur ont eu lieu en 2010, 2011 et 2012 (cette dernière rassemblant près d’un million et demi de personnes, pour une population de 7 millions d’habitants). Des consultations municipales, puis une consultation à l’échelle de la Catalogne le 9 novembre 2014 ont été organisées avec le soutien de la Generalitat contrôlée par les nationalistes catalans. Ce premier essai de consultation sur l’indépendance[15]donna un résultat mitigé : environ 37% du corps électoral se serait déplacé, et surtout, l’agglomération de Barcelone fait partie des zones de faible succès de l’indépendantisme. Carte du résultat de 2014

Le « processus » indépendantiste s’est donc systématiquement organisé à partir de 2010. L’objectif était d’arriver à la situation actuelle de défi. Les espoirs de victoire se fondaient sur quelques convictions : 

1. Sur la confiance dans les résultats du travail idéologique réalisé dans les écoles depuis 25 ans qui aurait élargi les rangs de l’indépendantisme 

2. Sur la croyance que les mesures contre l’indépendance que pourrait prendre

l’État espagnol susciteraient un soutien international pour la mise en place d’un processus de négociation entre les gouvernements espagnol et catalan. 

3. Sur la croyance que la supériorité des Catalans les protègerait d’une marginalisation par les milieux économiques.

4. Sur l’impunité probable des manquements aux lois espagnoles puisque le gouvernement central n’a jamais agi contre le processus d’indépendance alors qu’il était organisé et financé par des autorités autonomes bien que le statut d’autonomie définisse le président de la région comme « le représentant de la Generalitat et de l’Etat espagnol en Catalogne ».

L’impact de la crise économique de 2008

Le moment était aussi propice du fait de la crise économique de 2008 qui a provoqué l’appauvrissement d’une part importante de la population et rendu insupportables les nombreuses affaires de corruption concernant tous les partis politiques, y compris nationalistes catalans. En 2011, l’occupation des places urbaines débouche sur la création de Podemos, parti d’extrême gauche qui fait une apparition remarquée lors des élections européennes de 2014. En 2015, cette extrême gauche s’empare des mairies de Madrid et de Barcelone. En 2015 et 2016, les résultats de Podemos, alliés à des partis régionalistes ou nationalistes périphériques, mettent le Parti socialiste en difficulté et empêche la constitution de majorité de gouvernement. En 2016, Podemos renforce son alliance en Catalogne avec des mouvements locaux : la coalition En Comù Podem[16]remporte un grand succès aux législatives (premier parti en voix et en députés). Cette nouvelle réalité a donc élargi l’influence du discours indépendantistes vers les couches moyennes et pauvres de la population. Elle fait basculer l’agglomération de Barcelone dans le giron d’une coalition favorable au référendum et dont le discours est volontairement flou sur l’indépendance afin de ne pas s’aliéner des électeurs qui votent pour rendre le pouvoir au peuple « des gens », comme disent les programmes de Podemos, mais non pour donner tout le pouvoir au « peuple catalan » nationaliste. Pablo Iglesias, secrétaire général de Podemos, a aussi vu la crise catalane comme une opportunité pour amener le Parti socialiste à voter une motion de censure contre le gouvernement de Mariano Rajoy et prendre le pouvoir à Madrid. Mais le PS a fait le choix de l’union avec le PP pour la défense de l’ordre constitutionnel.

La crise de 2008 élargit aussi l’influence du noyau indépendantiste aux milieux économiques des petits et moyens entrepreneurs. Elle amena le gouvernement central à limiter les choix budgétaires des communautés autonomes afin de réduire les déficits régionaux. En 2011, le PP et PSOE s’accordèrent en effet pour introduire dans la Constitution la règle d’or européenne en matière d’équilibres budgétaires. Cela conféra à l’Etat le pouvoir de surveiller les dépenses des autonomies et leur dette. Dans ce contexte, les discours sur la gestion calamiteuse de l’Espagne par le pouvoir central, sur sa mauvaise volonté en matière de construction d’infrastructures qui pourraient aider l’économie catalane à redémarrer, sur la recentralisation du pouvoir, ont été plus écoutés dans des milieux conservateurs qui viennent de faire, pour une partie d’entre eux, le choix de la révolution. 

On assiste donc à la conjonction entre la force de frappe d’un noyau séparatiste remarquablement organisé et très déterminé, la mise à disposition de l’argent et de l’administration autonome au service du projet indépendantiste, l’inquiétude de milieux économiques vis-à-vis de la gestion de la crise économique par le pouvoir central, et la stratégie de l’extrême gauche pour arriver au pouvoir à Madrid en provoquant la chute du gouvernement du PP. 

Cette convergence se construit sur l’objectif du référendum. En 2014, le gouvernement autonome fit rédiger un livre blanc par un conseil d’assesseur pour la transition nationale. On peut lire sur le site de la Generalitat (département de la Présidence[17]) que ce conseil a pour ambition de « conduire à terme une consultation au peuple de Catalogne sur le futur politique et national du pays » et que sa création répond à la volonté du gouvernement de se doter des meilleurs assesseurs juridiques et techniques pour développer ce processus ».  Le livre blanc pour la transition nationale est constitué de 19 rapports de dizaines ou de centaines de pages sur tous les aspects du passage à l’indépendance : référendum et communication vers l’international, maintien dans l’UE, finances et viabilité, administration, commerce avec l’Espagne, etc. Les rapports sont en catalan et en espagnol et ceux concernant le référendum et les relations avec l’UE sont traduit en anglais, en français, et parfois en allemand.

La construction du moment propice à la déclaration unilatérale d’indépendance s’est traduite par la rupture en 2015 de l’union entre les deux partis conservateurs ayant gouverné la Catalogne presque sans discontinuer depuis les années 1980 : Convergencia democrática de Catalunya(CDC), indépendantiste, et Uniò per Catalunya, non indépendantiste. Cette rupture permit la création d’une coalition droite /gauche clairement séparatiste sous le sigle : Junts pel sí[18]qui s’est présentée aux élections régionales en 2015. Elle permet aussi de faire disparaître le parti CDC au moment où sont dévoilées de très graves affaires de corruption le concernant. Le Parti démocrate européen catalan, PDeCAT, dont Carles Puigdemont est membre et qui est dirigé par l’ancien président de la Generalitat, Artur Mas, prend la suite de CDC.

Suite aux résultats décevants de la consultation de 2014, les élections régionales de 2015 avaient été présentées par les nationalistes comme un plébiscite en faveur de l’indépendance. Elles ne furent pas à la hauteur de ces espérances : 47% des électeurs votèrent pour eux et les anti nationalistes de Ciudadanos furent portés au rang de premier parti d’opposition. Néanmoins, le mode de scrutin et le découpage des circonscriptions avantageant les zones rurales, les députés indépendantistes obtinrent la majorité absolue, à condition de rester unis. La radicalité du processus s’est aussi accentuée avec l’irruption dans le Parlement catalan d’un groupe anti capitaliste anti système et séparatiste intransigeant, appelé Coordination d’Unité Populaire, qui a obtenu 10 députés. La coalition Junts pel sí a besoin de leur voix pour atteindre la majorité absolue. La CUP a refusé l’investiture de l’ancien président Artur Mas et imposé que Carles Puigdemont soit le président de la Generalitat. Carles Puigdemont, maire de Gérone, l’une des villes les plus nationalistes en Catalogne, a été pendant sa jeunesse l’ami d’indépendantistes favorables à la lutte armée et qui se sont ensuite rangés, soit dans le parti conservateur PDeCat, soit dans le parti de gauche Esquerra Republicana de Catalunya (ERC).[19]

Aujourd’hui, Carles Puigdemont rassemble autour de lui tout ceux qui l’ont fait roi, de la droite conservatrice aux anti système.  Le 10 octobre, il a fait une déclaration d’indépendance immédiatement « suspendue ». La déception pour les plus radicaux qui voulait vivre le grand soir tout de suite n’a cependant pas entraîné la fracture du mouvement séparatiste. Cela révèle que nous sommes, en octobre 2017, dans un moment d’union sacrée de personnes aux idéologies théoriquement contraires mais fortement soudées par la perspective de la victoire. Ils résistent aux nombreuses pressions, notamment des milieux économiques, et refusent de considérer comme utopique et vain le travail réalisé depuis 2005. C’est ce qui fait que la situation est véritablement révolutionnaire au sens ou une partie de la population indépendantiste a pour objectif de prendre les places qui permettent d’exercer le pouvoir sans partage, d’ouvrir un boulevard de décisions possibles en changeant d’un coup le cadre de la légalité. Les séparatistes décrivent d’ailleurs les événements comme une révolution, qu’ils qualifient de pacifique. Mais elle le sera pas jusqu’à son terme, car une partie des Catalans indépendantistes veut aller à tout prix jusqu’au bout, et une partie des non indépendantistes, percevant cette révolution comme un danger pour leur vie professionnelle et quotidienne, vont s’en défendre.

Cela fait donc plus de dix ans qu’un processus extrêmement construit est en marche sans qu’aucun parti espagnol n’ait tenté de le freiner. Cet aveuglement est une sorte de mystère. Sans doute ce qui se passe aujourd’hui était-il tout simplement inconcevable aux yeux des dirigeants espagnols confortablement installés dans le bipartisme depuis quarante ans, et protégés par une Constitution impossible à faire changer sans leurs voix. Même le PSOE, qui a un relais solide en Catalogne avec le Parti Socialiste Catalan (le PP y est peu représenté), n’a pas su prendre la mesure de ce qui se préparait, ou l’entendre.

De la même manière, il était semble-t-il inconcevable pour les séparatistes catalans que l’Union européenne désavoue le processus, et que celui ci provoque la fuite de milliers d’entreprises qui déménagent leur siège social vers d’autres régions d’Espagne. Mais une fois constaté l’impact économique de la révolution nationaliste en cours, il est plus surprenant que l’appauvrissement de la Catalogne ne se soit pas perçu comme une menace pour une partie de la population qui n’envisage plus que l’indépendance et assume le passage de la rivalité au conflit, de l’adversaire à l’ennemi, y compris contre ses intérêts particuliers. Pour suivre l’évolution des événements il est nécessaire de sortir des représentations opposant deux personnages, « Madrid » et « Barcelone », et d’observer les acteurs concrets de ces stratégies rivales. On présentera ici une première ébauche d’analyse effectuée par un jeune chercheur en géopolitique, Albert Borras, d’une partie de la société catalane.

Les réseaux de la bourgeoisie catalane : tournés vers l’Espagne (schéma d’acteurs)

Je nomme par commodité « bourgeoisie catalane » la partie de la société qui se réunit dans des cercles limités où l’on fait des affaires et des mariages. Le « G 16 » désigne en Catalogne un ensemble de 16 associations entrepreneuriales, sportives, culturelles, religieuses, où se retrouve le gotha de la région. Elles sont pour la plupart nées au XIXe siècle à Barcelone, au moment de l’apparition du premier régionalisme catalan.Le schéma fait apparaître la densité de ses liens avec les milieux équivalents espagnols. A gauche du G16, on a mis les entités espagnoles avec lesquelles elles se lient, et à droite, les entités catalanes. Le fouillis des liens montre qu’il est difficile de faire une ligne de division entre les élites catalanes et celles du reste du l’Espagne. 

Par exemple, entre Foment del Treball(association patronale de plus de 800 membres) et la Confédération Espagnole des Organisations Entrepreneuriales (CEOE), présidée par un Catalan[20], antérieurement président de Foment del Treball. La Confédération espagnole des directeurs et secrétaires généraux[21]est dirigée par un catalan, Isidre Fainé. Le président du Círculo de Economía[22], et celui de l’automobile club[23]sont liés à  la Fondation Princesse de Gérone, créée en 2009, et qui rassemble 88 grands entrepreneurs catalans et espagnols pour le soutien aux jeunes entrepreneurs ; son président d’honneur est le roi d’Espagne en attendant que sa fille, princesse des Asturies et de Gérone, atteigne sa majorité. 

Le rôle de la banque catalane La Caixa, comme centre névralgique des réseaux d’influence est notable. Caixa bankest la troisième d’Espagne et la première pour le nombre de guichets. Elle est présidée par Jordi Gual Solé, et par Isidre Fainé, directeur de la fondation « La Caixa ». Isidre Fainé à des postes importants dans des entreprises stratégiques dont la Caixa est actionnaire : présidence de Gas Natural Fenosa(où il peut croiser Felipe González membre du Conseil d’administration), vice présidence de Telefónica, présidence de l’organisation des lobbyistes espagnols du Club de Rome (322 membres espagnols dont 128 madrilènes, 67 catalans, 41 valenciens, 47 basques)Joan Rossell Lastroras, président de la CEOE, est membre du conseil d’administration de Caixabank. On trouve en même temps la sœur du roi dans le département international de la fondation des Œuvres sociales de La Caixa.

Enfin, un autre niveau de connexion important est celui des universités. Si les étudiants et les professeurs de Sciences sociales sont très mobilisés pour l’indépendance, de nombreux patrons et directeurs sont passés par les mêmes écoles, par exemple, à l’université de Navarre (Opus Dei), Isidre Fainé, Salvador Alemany, Josep Mateu Negre, Gay de Monteyà, Joan José Bruguera, etc.

Ma première conclusion à la vue de ces ramifications nombreuses entre milieux d’influence catalans et espagnols fut que la bourgeoisie des affaires et des clubs ne soutiendrait pas la révolution en cours, même si lefait que certains se prononcent en faveur d’un élargissement des pouvoirs autonomes peut expliquer leur complaisance vis-à-vis de la stratégie nationaliste depuis 2010. Ainsi, par exemple,Salvador Alemany qui dirige une association contre l’indépendance créée en 2011, Fórum Pont Aèri,[24]a aussi été, entre 2011 y 2015, président du ConseilAssesseur pour la Réactivation Economique et la croissance (CAREC) organisé par Artur Mas lorsque celui-ci était à la tête de la Generalitat. 

Néanmoins, force est de constater que la fracture organisée par les dirigeants de la marche vers la déclaration d’indépendance atteint aussi les milieux du G16. 

Dans les multiples institutions qui gravitent autour de La Caixase croisent des personnalités favorables ou silencieuses : le politicien nationaliste Miquel Roca Junyent, un des rédacteurs de la Constitution de 1978 ne prend pas position ; le député nationaliste Francesc Homs, inhabilité pour avoir contribué à l’organisation de la consultation illégale de 2014 ; le comte Javier Godó Muntanyola, propriétaire du quotidien Catalan La Vanguardia[25], menacé d’exclusion du club de la noblesse espagnole pour ses accointances avec des dirigeants de la sédition catalane. Il devrait passer son titre et la présidence de son groupe à son fils ainé[26]dont on ne connaît pas les choix sur la question séparatiste ; Víctor Grífols, directeur d’une très grande entreprise pharmaceutique, ami d’Artur Mas, et indépendantiste affirmé.

Au sein de Foment del Treballla question de l’indépendance crée des divisions. Joaquím Gay de Monteyà, président de Foment del Treball, s’est affronté avec Antoni Abad, dirigeant d’une association de petites et moyennes entreprises (CECOT), proche des séparatistes. Autre exemple, au sein du Football Club Barcelone, « El Barça », le directeur Xavier Bartomeu, est défavorable à la révolution en cours, mais il est contesté : le vice président[27], entrepreneur extrêmement influent du G16, a démissionné pour raison politique.  Le directeur antérieur[28], avocat et politicien indépendantiste, a réclamé une motion de censure contre Xavier Bartomeu. Cette motion est défendue à la télévision publique catalane TV3, dirigée depuis mars 2017 par un indépendantiste,[29]Vicent Sanchis, nommé par la coalition séparatiste Junts Pel Sí. En avril 2017, tous les partis du parlement catalan ont voté une motion déposée par l’extrême gauche[30]réprouvant cette nomination et celle de la vice présidente de la corporation catalane des medias audiovisuels à cause de leur excès de politisation en faveur de l’indépendance.[31]La motion n’a pas eu d’effet.

La prochaine étape de la révolution nationaliste en cours amènera à observer si la jonction entre l’indépendantisme et l’extrême gauche se consolide. Cette dernière[32]dit combattre au nom du peuple les milieux de la finance et du grand capital, mais aussi l’Union européenne dénoncée comme la cheville ouvrière du système capitaliste mondial. Parmi ses électeurs, la conviction que l’État est une force réprimant les libertés pour défendre les puissants est aussi très vivace. Les réseaux de La Caixaet des milieux économiques qui s’opposent à l’indépendance seront dénoncés comme les auteurs d’un abus de pouvoir. Si la partie est bien jouée par les nationalistes catalans, la représentation de la démocratie des petites gens et celle de la démocratie du peuple catalan peuvent fusionner en un seul slogan contre des institutions qui seront jugées per senon démocratiques. 

Au delà des discours, seules de nouvelles élections du Parlement catalan permettraient de savoir comment les citoyens se décanteront individuellement pour ou contre l’indépendance. A ce jour, les séparatistes sont plutôt réticents à s’y risquer. Le résultat de nouvelles élections serait très incertain. Il y a eu 22% d’abstentionnistes en 2015, et une frange des électeurs est volatile : une partie des votants pour l’extrême gauche pourraient se joindre aux séparatistes pour leur assurer une victoire contre l’État, une autre au contraire, choisir la voie de la résistance à l’indépendantisme. Une partie des conservateurs nationalistes actuellement silencieuse pourraient aussi rejoindre le camp de l’ordre constitutionnel afin de ramener la stabilité.

S’il s’aggrave, s’il y a des morts, le conflit aura des répercutions dans toute l’Union européenne. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle certains séparatistes peuvent choisir l’affrontement ouvert, seul moyen de forcer une négociation mettant sur le même plan le gouvernement sécessionniste et le gouvernement espagnol. Ailleurs en Europe, comme en Catalogne et en Espagne, des partis et des personnalités diverses utiliseront l’opportunité de cette destabilisation majeure et des polémiques autour des concepts de liberté et de démocratie pour faire avancer leurs pions.[33]Pour ma part, il me semble que la question que soulève cette crise si grave est celle de la légitimité d’une stratégie révolutionnaire comme modus operandide la lutte pour le pouvoir dans l’Union européenne du XXI e siècle. 


[1]Podemos, parti d’extrême gauche apparu en 2014 qui, en 2015, a remporté 8,9% des suffrages à l’élection du Parlement catalan se déclarait favorable au référendum mais opposé à l’indépendance.

[2]Sans compter les villes de Ceuta et Mélilla

[3]Mais non sans références historiques aux limites qui amènent les provinces à s’associer ou non pour former des régions 

[4]Felipe González

[5]José María Aznar

[6]Et, au plan économique, l’enrichissement de la population grâce à l’entrée dans l’Union européenne. Le projet collectif de l’enrichissement pour tourner la page du passé miséreux de l’époque franquiste contribue à la généralisation de pratiques corrompues fondées entre autre sur une politique du crédit trop facile, et finalement à l’appauvrissement d’une grande partie de la population dans la crise de 2008.

[7]Rogelio Alonso, Florencio Dominguez, Marcos Garcia Rey, Vidas rotas, Espasa, 2010, 1310 p.

[8]Barbara Loyer, Conflit et représentation du conflit au Pays basque. La fin de l’ETA. Hérodote, n°158, pp.16-38, 2015.

[9]1996-2004, mandats de José María Aznar

[10]Francesc Arroyo, Carles Pastor, “La Generalitat fija que « normalmente » será el catalán la lengua vehicular de la educación”, El País, 18/09/1993 https://elpais.com/diario/1993/09/18/sociedad/748303209_850215.html

[11]Certains nationalistes basques envisagent de se mobiliser pour trois référendums afin de viser la création d’une confédération nationale basque au lieu d’un État unitaire rassemblant les territoires français et espagnols.

[12]José Luis Zapatero

[13]Le PSC est un parti confédéré au PSOE. Les deux formations ont besoin l’une de l’autre pour gagner des élections en Catalogne et à l’échelle de l’Espagne mais le PSC est catalaniste, c’est à dire qu’il agit pour l’élargissement des pouvoirs du gouvernement autonome catalan. Il se différencie des nationalistes en étant fédéraliste, mais le PSOE n’a jamais œuvré pour une réforme constitutionnelle en ce sens. 

[14]Esquerra Republicana de Catalunya

[15]Organisé avec des listes électorales ad hoc : pouvaient voter toutes les personnes de plus de 16 ans ayant sur leurs documents d’identité une adresse en Catalogne.

[16]« Ensemble Nous pouvons », union de Barcelona En Comù (Barcelone En commun) qui avait remporté les municipales de 2015, et de Podemos, qui avait fait un résultat décevant aux régionales de 2015 sous le sigle : Si Que Es Pot ( Oui nous pouvons).

[17]http://presidencia.gencat.cat/ca/ambits_d_actuacio/consells-assessors/consell_assessor_per_a_la_transicio_nacional_catn/consulté le 21 /10/2017 

[18]Ensemble pour le oui

[19]http://www.libertaddigital.com/opinion/jose-garcia-dominguez/donde-estaba-puigdemont-en-1992-82834/

[20]Joan Rossell Lastroras

[21]Confederación Española de Directivos y ejecutivos – CEDE

[22]Joan José Bruguera Clavero

[23]Real Automóvil Club de Catalunya, Josep Mateu Negre

[24]Forum Pont Aérien, qui ne se fait pas entendre sur les réseaux depuis 2015

[25]Le quotidien espagnol El Mundo fait état de subventions de la Generalitat au groupe : Marthe Rubió, Las subvenciones a medios de comunicación con lengua cooficial : 181 millones para los medios en pleno proceso soberanista, El Mundo.DATOS,8 septembre 2014, http://www.elmundo.es/grafico/espana/2014/09/08/53db717bca4741781c8b4577.htm

[26]Luis Fernando Romo, “Las desventuras del magnate Godó, un monárquico en la república catalana”,El Español,( quotidien en ligne fondé par l’ancien directeur du quotidien El Mundo), 22 octobre 2017 https://www.elespanol.com/reportajes/20171020/255725254_0.html

[27]Carles Villarubi

[28]Joan Laporta

[29]Vincent Sanchis

[30]Catalunya Sí Que es Pot (CSQP, avatar de Podemos en Catalogne)

[31]Texte de la motion sur https://fr.scribd.com/document/343419939/Mocion-para-la-reprobacion-de-Sanchis-como-director-de-TV3, consulté le 22 octobre 2017. La motion se trouve dans le BOPC, 29 mars 2017.

[32]Podemos et ses alliés au niveau espagnol, En Comù Podem qui est leur alliance au niveau catalan, Barcelona en Comù, qui est la coalition ayant mené la maire de Barcelone à la victoire. Barcelona en Comù est arrivé en tête mais ne dispose que d’un conseiller municipal de plus que le PDeCAT nationaliste catalan. Ada Colau  a été élue maire et a pu voter son budget grâce au soutien des socialistes catalans. Elle subit d’intenses pression pour rompre cette alliance et rejoindre le camp séparatiste.

[33]Les séparatistes reçoivent maintenant des marques de soutien à la fois de la gauche et de la droite  eurosceptique; par exemple Yannis Varouflakisou Nigel Farage. Cf Pablo R. Suansez, La ultraderecha europea y los euroescépticos, compañeros de viaje del independentismo catalán, El Mundo,3 octobre 2017http://www.elmundo.es/cataluna/2017/10/03/59d358acca474111208b47b1.html

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